samedi 30 avril 2011

L'Insolitude

Bon. Là, je suis paumé, d'accord. Je me caille les miches au bord d'une putain de route de campagne aussi déserte que le crâne de Kojak, m'okay. Le portable a plus de chance de capter les petits hommes vert qu'autre chose, logique. Il fait nuit noire et je viens de casser mon talon, jusque là, je gère. Mais j'aime vraiment pas le regard que vient de me lancer ce crapaud. Sans déconner, croiser un gros crapaud visqueux c'est déjà flippant mais ce que j'ai vu dans ce regard morne, éteint, glacial, brrr...

Laura pris sa chaussure dans la main. 
Puis elle la regarda face à face d'un air attristé. Être ou ne pas être...
Elle soupira alors au souvenir du prix qu'elle avait coûté, et la jeta de toute ses forces avec un hurlement de rage vers cet affreux batracien boutonneux. 

Alors le niveau du sol monta brusquement. Ah, non, c'est elle qui s'affala au sol en fait. C'est rigolo la relativité. Et tandis que des larmes brûlantes roulaient sur ses jolies joues rosies par le froid, elle se rappela le cheminement stupide des événements l'ayant emmener là. 

Utiliser la ceinture de Judo du petit frère pour sortir par la fenêtre discrètement, c'était malin, très malin. Une vrai opération commando pour aller à cette petite fête, séance maquillage dans le bus, Sophie qui la rejoint, la danse, l'euphorie, les rires, et le bel Orlando qui lui tournait autour. À ce moment précis, sa vie lui paraissait juste parfaite. 

Elle atteint son apogée lorsque le bel Orlando lui proposa de la raccompagner en voiture. Ce fut de suite moins sympa lorsqu'il a voulu la violer, et qu'elle a fuit à travers les bois tel un petit chaperon rouge fuyant le grand méchant loup. Sauf que le petit chaperon avait laisser la marque de ses talons sur les testicules du gros loup en souvenir. 

- Croac.
- Comment ça, croac? Comment oses-tu me croaquer en pleine face, dérangeant ainsi mes pensées? Laisse-moi donc déprimer en paix, merde. 
- Cre vreux tru?
- Hein??? 
- Hum, hum. Que veux-tu?

Laura leva la tête, et ne vit rien d'autre que l'affreux crapaud, mais cette fois munis d'un chapeau haut de forme. 
Ça y est, je perd la boule, se dit-elle. 
Puis le crapaud ouvrit sa gueule, mais le croassement agaçant fit place à cette même question "Que veux-tu?". 
Là, deux solutions, soit on ramasse sa mâchoire et on répond gentiment à la question, soit on fait le poirier en chantant la marseillaise à l'envers. 

- Heu... Rentrer chez moi. Là, tout de suite, ce que je veux, c'est juste rentrer chez moi. 
- Souffle trois fois sur mon chapeau, et prend ma patte. 

Là, deux solutions... Mais comme elle n'avais pas de moissonneuse batteuse, et ne connaissait pas l'hymne nationale Letton (ne jouez pas les étonnés, c'est très jolie la Lettonie)... Elle s'attendait à un contact répugnant, froid, visqueux, gluant, mais non, ce fut chaud et doux. Puis les arbres alentours émirent un douce lumière, ils s'envolèrent doucement, tournoyèrent sur eux même, et dans un grand éclair... 

Laura était dans son lit, bien au chaud, sa mère lui caressant les cheveux. L'espace d'un battement de cil, elle cru voir le crapaud lui faire un clin d'oeil au pied de son lit avant de disparaître dans une brume turquoise. 

- Intéressant madame Leroy, et vous faites souvent ce genre de rêve? 
- Chaque année, à la même date, depuis que j'ai 16 ans. 
- Croac.






Par Kiky.

1 commentaire:

  1. Bon, hé bien, je pense que devant cette première participation, on puisse dire que...

    C'est parti, mon Kiky !

    *retourne se planquer dans quelque sombre recoin perdu de l'espace-temps*

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